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Photo du rédacteurAlexandre Jarosz

La chute de la demande de MPR… Un non-sens au regard de la transition écologique

Dernière mise à jour : 18 juil. 2023

Le SRP tire la sonnette d’alarme !


Remarques préliminaires

  • Le Syndicat national des Régénérateurs de matières Plastiques (SRP) est l’organisme français représentatif des entreprises qui gèrent en France une unité de régénération de déchets de matières plastiques c'est-à-dire un site industriel dédié au recyclage mécanique qui réalise au moins deux des opérations suivantes : lavage, broyage, densification, micronisation, granulation, compoundage.

  • Les statistiques annuelles du SRP sont issues d’une compilation des informations confidentielles transmises par l’ensemble de ses membres, suite à une enquête exhaustive réalisée chaque année en début d’année N+1.

  • Les membres du SRP estiment représenter environ 85 % de la capacité de régénération des déchets de matières plastiques en France pour l’ensemble des MPR qu’ils produisent. Cette valeur moyenne masque des disparités entre MPR.

  • Le SRP considère que ses statistiques annuelles constituent le seul vrai baromètre¹ disponible pour apprécier l’état de santé du recyclage mécanique français des déchets plastiques.

¹ Le BNR (Bilan National du Recyclage) exploite les statistiques du SRP. Il n’est malheureusement publié que tous les 2 ans.


Les enseignements des statistiques 2021 et 2022


Année 2021

Loin de se laisser griser par ces chiffres flatteurs (progression à deux chiffres des principaux indicateurs), le SRP avait relayé l’inquiétude de ses membres pour 2022. En effet pour eux :

  • La filière n’était toujours pas sur une trajectoire lui permettant d’espérer atteindre dans les délais prévus les objectifs ambitieux de la LTECV (100 % de recyclage en 2025) ou de l’engagement des plasturgistes (1 million de tonnes de MPR incorporées en 2025)

  • La mobilisation des acteurs amont de la filière leur semblait insuffisante pour résorber le goulot d’étranglement que constitue la faiblesse des taux de collecte de déchets triés en vue du recyclage.


Année 2022

➔ Les principaux indicateurs 2022 présentées ci-après, illustrent le bien fondé de leurs craintes :

  • La production (536 842 T de MPR) est quasiment identique à celle de 2021 mais, à périmètre constant, elle est en retrait de plus de 6%.

  • Les ventes en France de MPR par les membres du SRP (Production – Vente aux confrères + Importation – Exportation) à 368 739 T sont en repli de 10 % interrompant une longue série de progression (+ 40 % en 2020 et + 25 % en 2019)

  • Les exportations de MPR par les membres du SRP à 153 231 T ont augmenté de 17 % mettant un terme à une tendance baissière régulière depuis des années (respectivement - 2 % et - 8 % en 2020 et 2019).

➔ L’analyse de ces résultats en demi-teinte a conduit le SRP à mettre en exergue deux causes principales :

  • La montée en puissance des REP existantes et l’arrivée de nouvelles REP n’ont pas entrainé une augmentation substantielle des déchets mis à la disposition des régénérateurs français² .

² En cours d’année et particulièrement au 1er semestre, plusieurs régénérateurs ont fait état de difficultés d’approvisionnements avec des chutes de production de 30%.
  • L’appétence des plasturgistes pour les MPR, stimulée par le plan de relance et les incitations à la fixation de taux d’incorporation ambitieux, s’est révélée bien fragile. Il a suffi en effet que la conjoncture favorable aux MPR née des difficultés passagères des producteurs de résines vierges (multiplication des « forces majeures » et hausse des prix de vente) s’estompe pour que les plasturgistes, sous la pression financière de leurs clients, trouvent brutalement moins d’intérêt aux MPR.



2023 : aggravation de la tendance


➔ Alerté par de nombreux appels de membres se plaignant de la dégradation rapide de leur situation, le SRP a lancé sur mai / juin une enquête flash³ dont les principaux enseignements sont :

  • La demande de MPR est systématiquement en baisse chez tous les régénérateurs et pour tous les types de MPR. Les ventes de R PET alimentaire, figure emblématique du recyclage mécanique des plastiques n’échappent pas à cette tendance.

  • Les stocks de MPR augmentent chez les régénérateurs et leurs prix de vente sont orientés à la baisse

  • Cette dégradation se répercute inévitablement à l’aval, au niveau de la collecte et du tri où ils constatent des disponibilités de balles en hausse et des prix de vente orientés à la baisse

³ Les membres du SRP qui ont répondu représentent 85 % de la production de MPR. Les enseignements sont représentatifs de l’état du marché des MPR en France à la fin du 1er semestre 2023

➔ La consommation de MPR aurait dû augmenter à la suite des aides de l'ADEME dans le cadre du programme ORPLAST, visant à soutenir le financement d'équipements industriels permettant aux plasturgistes d'accroître le taux de réincorporation de MPR dans leurs produits.

Elle régresse car l’absence de contraintes règlementaires en vigueur⁴ conjuguée avec la disponibilité de polymères vierges importés à bas prix ont eu raison des promesses d'augmentation de l'utilisation de MPR.

Cette récession affecte profondément non seulement le secteur de la régénération plastique, mais également l'ensemble de la chaîne de collecte et de tri des déchets.

⁴ Le cas du R PET est symptomatique : plusieurs plasturgistes qui avaient devancé l’échéance européenne de 2025, sont revenus aux vierges et ne reviendront au taux réglementaire de MPR qu’à l’échéance

➔ Les conséquences de cette situation sont multiples et préoccupantes.

  • Nos membres sont contraints de suspendre ou au mieux de différer leurs investissements, alors même qu'il serait essentiel de les accroître afin d’augmenter leurs capacités de production et d’atteindre les objectifs ambitieux fixés par la FREC. Ce retard sera difficilement rattrapable

  • Si cette situation devait perdurer, certains déchets pourraient ne plus être régénérées dans les semaines qui viennent pour de simples raisons économiques et le SRP n’écarte pas la possibilité de défaillances d’entreprises de régénération.

  • Cette dégradation de la demande en MPR va nécessairement se répercuter au niveau de la collecte et du tri car les régénérateurs ne vont pas acheter des balles pour faire monter leurs stocks de MPR sans perspective de vente.



Des mesures d’urgence à mettre en œuvre


La régénération plastique représente un maillon essentiel pour l'atteinte des objectifs d'une économie circulaire nationale décarbonée et sobre en ressources. Elle est aussi une industrie jeune et fragile qui mérite d’être soutenue, non par des subventions ou des prêts bonifiés, mais par des mesures fortes et structurantes qui s’inscrivent sur le temps long :


➔ Il est primordial de renforcer les mesures réglementaires en faveur de l'utilisation de MPR : taux d’incorporation, engagements volontaires devenant contraignants avec effets cliquets (pas de retour en arrière possible), …


➔ Une révision des politiques d'importation de polymères vierges à bas prix (hors Europe), afin de préserver la compétitivité des MPR doit être mise à l’étude sans délai.


La place du recyclage mécanique doit être confortée et la montée en puissance annoncée du recyclage chimique doit se faire sans nuire au premier. Nécessairement moins performant sur le plan environnemental le recyclage chimique doit s’attacher à traiter les déchets que le recyclage mécanique ne peut pas prendre en charge. Sans un tel affichage par les Pouvoirs Publics, il est à craindre que :

  • De nombreux plasturgistes attendent l’arrivée de « résines vierges origine recyclage chimique » pour atteindre les taux d’incorporation qui leur seraient imposés !

  • Les régénérateurs hésitent à investir dans un contexte aussi incertain.


➔ Les Eco-organismes doivent être invités à encourager l’incorporation de MPR, en jouant sur le couple indissociable écocontribution / éco-modulation pour maintenir la compétitivité des MPR face à des prix très bas de résines vierges importées.


➔ Un droit de préemption ou droit d’accès prioritaire (« right of first refusal ») est actuellement revendiqué par certains donneurs d’ordre de la bouteille plastique pour boissons, dans le cadre du règlement européen Emballages (PPWR) pour pallier d’hypothétiques difficultés d’approvisionnement en « MPR origine bouteille »⁵. Cette revendication est d’autant plus surprenante qu’elle intervient au moment où ces mêmes acteurs, au mépris de leurs engagements antérieurs préfèrent les résines vierges importées et bon marché aux MPR en stock chez les régénérateurs.

Au demeurant, un tel droit, dont la conformité au droit de la concurrence resterait à établir, dégraderait la viabilité à court terme du recyclage mécanique et sa pérennité : menaces sur les approvisionnements, sur les prix des MPR, et sur la couverture de leurs coûts de production.

⁵ Voir ci-dessus le constat concernant le R PET


Téléchargez le communiqué de presse ci-dessous ⤵


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